Аннотация:Le présent article est consacré à l’épigraphie de porte de ville dans l’Italie médiévale. « Porta dicitur qua potest vel inportari vel exportari aliquid. Proprie autem porta aut urbis aut castrorum vocatur... », cette maxime étymologique due à la synthèse d’Isidore de Séville reflète aussi bien le dynamisme que le caractère limitrophe de la zone de porte de ville. Dès le XIIe siècle les communes italiennes attachent un grand nombre de monuments épigraphiques à l’espace de porte de ville. Dans la majorité écrasante des cas, les textes de ces monuments matérialisent l’orgueil citadin, verbalisent l’éloge de grandes réalisations communales, incarnent l’esprit de l’univers communal (Pise, Gênes, Milan, Rome). C’est au symbole de porte de ville que recourent les maîtres des compositions sculptées de la Porta Romana (Milan) pour visualiser Bergame, Crémone, Brescia, alliés ayant apporté leur aide aux Milanais écrasés. Pour les Milanais qui sont sur le point de retrouver leurs contrées paternelles la porte de ville est la dernière frontière à franchir. Franchir cette frontière, signifie retrouver Milan. Plusieurs monuments épigraphiques en question désignent l’identité de l’espace architectural aménagé par la commune, le cadre étant parfois assez éloigné de la commune même (Milan, Gênes, aussi bien que Monteriggioni et Cagliari). Des images et des textes apotropaïques marquaient la Porta Romana et la Porta Tosa de Milan, ainsi que plusieurs portes fortifiées des châteaux de Savone. La diversité des facettes communales diffère considérablement de l’homogénéité du Regnum Caesaris. La porte de Capoue due à la volonté politique de Frédéric II est avant tout la porte de l’État. Dans l’Italie méridionale l’opposition entre l’espace de ville et celui de château commence à se manifester le plus tôt. Dans l’Italie septentrionale et centrale l’apparition du château opposé à l’espace de ville annonce la constitution des seigneuries. Que les monuments épigraphiques suivent ces mutations, c’est indubitable (des inscriptions somptueuses voulues par Alphonse d’Aragon et Sigismond Malatesta, tournées résolument vers l’espace de ville, le prouvent). Par contre, le Crémlin de Moscou devient, à la fin du XVe siècle, le noyau de la ville dont la politique affirme définitivement la centralisation. C’est cette trajectoire historique qui reste tracée par l’inscription d’Ivan III, datée de 1491. J. Le Goff remarque dans son « Immaginario urbano... » que « la porta deve permettere la superiorità dell’interno sull’esterno ». Cette thèse du maître reste tout à fait actuelle quant aux monuments épigraphiques que le présent article se propose d’examiner.